11 novembre 2014
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"Dulce et decorum est" est un poème du grand poète de la 1ère guerre mondiale Wilfred Owen dont le dernier vers :
The old Lie: Dulce et decorum est Pro patria mori
veut dire
Ce mensonge de toujours : Il est doux et honorable de mourir pour sa patrie.
En ce 11 novembre 2014, en hommage à tout ces gens qui sont morts pour rien à part peut être Pour défendr' les biens de ces messieurs-là comme dit la chanson de Craonne je vous propose un autre poême de Wilfred Owen. Que plus jamais une telle horreur arrive.
Strange Meeting (La traduction est en dessous)
It seemed that out of battle I escaped
Down some profound dull tunnel, long since scooped
Through granites which titanic wars had groined.
Yet also there encumbered sleepers groaned,
Too fast in thought or death to be bestirred.
Then, as I probed them, one sprang up, and stared
With piteous recognition in fixed eyes,
Lifting distressful hands, as if to bless.
And by his smile, I knew that sullen hall,—
By his dead smile I knew we stood in Hell.
With a thousand fears that vision's face was grained;
Yet no blood reached there from the upper ground,
And no guns thumped, or down the flues made moan.
“Strange friend,” I said, “here is no cause to mourn.”
“None,” said that other, “save the undone years,
The hopelessness. Whatever hope is yours,
Was my life also; I went hunting wild
After the wildest beauty in the world,
Which lies not calm in eyes, or braided hair,
But mocks the steady running of the hour,
And if it grieves, grieves richlier than here.
For by my glee might many men have laughed,
And of my weeping something had been left,
Which must die now. I mean the truth untold,
The pity of war, the pity war distilled.
Now men will go content with what we spoiled.
Or, discontent, boil bloody, and be spilled.
They will be swift with swiftness of the tigress.
None will break ranks, though nations trek from progress.
Courage was mine, and I had mystery;
Wisdom was mine, and I had mastery:
To miss the march of this retreating world
Into vain citadels that are not walled.
Then, when much blood had clogged their chariot-wheels,
I would go up and wash them from sweet wells,
Even with truths that lie too deep for taint.
I would have poured my spirit without stint
But not through wounds; not on the cess of war.
Foreheads of men have bled where no wounds were.
“I am the enemy you killed, my friend.
I knew you in this dark: for so you frowned
Yesterday through me as you jabbed and killed.
I parried; but my hands were loath and cold.
Let us sleep now. . . .”
Etrange rencontre
Il m’a semblé que j’échappais à la bataille
Par quelque tunnel profond et sombre, creusé depuis longtemps
Dans des granits qu’avaient voûtés des guerres titanesques.
Mais là aussi, couchés en tas, des dormeurs grognaient
Trop enfoncés dans leurs pensées ou leur mort pour s’émouvoir.
Alors, tandis que je tâtonnais, l’un d’eux bondit et me lança
Un regard fixe où se lisaient reconnaissance et pitié
Et dans ses mains, levées comme pour bénir, la détresse.
A son sourire, je reconnus ce lugubre séjour -
A son sourire mort, je sus qu’ici était l’Enfer.
Mille souffrances dardaient la face de cette apparition,
Mais aucune goutte de sang ne coulait plus ici,
Aucun canon ne cognait, ni ne faisait gémir aucun conduit.
« Etrange ami, dis-je, pour quelle raison te lamentes-tu ?
- Aucune, dit l’autre, sauf les années perdues,
Le désespoir. Quelle que puisse être ton espérance,
Ma vie en était faite aussi. Je chassais gaiement
La plus sauvage beauté du monde
Loin des yeux calmes et des cheveux tressés,
Celle qui méprise le cours régulier des heures
Et quand elle pleure, c’est avec plus de faste qu’ici.
Car par ma joie beaucoup d’hommes auraient ri.
Et de mes sanglots quelque chose est resté,
Qui doit mourir à présent. J’entends la vérité celée,
L’horreur de la guerre, l’horreur qu’elle distille.
Maintenant les hommes se satisferont de notre gâchis
Ou, mécontents, laisseront parler le sang et seront répandus.
Ils seront vifs comme la tigresse. Aucun ne rompra les rangs,
même si les nations fuyaient le progrès.
J’avais le courage et j’avais le mystère,
J’avais la sagesse et j’avais la maîtrise :
Je n'aurai pas dû suivre la marche de ce monde en débacle
Vers ces vaines cités sans murs.
Alors quand tant de sang aurait bloqué les roues de leurs chariots,
Je me serais levé, je les aurais lavées à l’eau douce des puits,
A coups de vérités trop profondes pour qu’on les souille.
J’aurais versé mon âme sans compter,
Mais pas à travers mes blessures, pas par la guerre.
Les têtes des hommes ont saigné sans plaies.
Je suis l’ennemi que tu as tué, mon ami.
Je t’ai reconnu dans cette obscurité : car ton regard fut pareil
Hier tu m'as perçé, et m'as tué.
J'ai paré, mais mes mains étaient lasses et froides.
endormons nous, maintenant…